L’Église d’Orient est au croisement
Le Patriarche Louis Raphaël Ier Sako
À la seconde moitié du 1er siècle, l’Église d’Orient est née en Mésopotamie (l’Irak actuel) près de Bagdad (la région de Kukhy – actuellement : Bo’aitha), dans un environnement diversifié rassemblant le reste des juifs de l’exil babylonien, les Chaldéens, les Perses et les Arabes d’Al-Hîra, puis l’évangélisation s’est étendue à Ninive.
Cette église a reflété en profondeur l’évangile dans la civilisation diversifiée et enracinée de la Mésopotamie.
Malgré les désagréments et les persécutions fréquents, l’Église d’Orient a réussi à se développer, à prospérer et à s’étendre en Perses, dans le Golfe Persique, en Inde et en Chine. Ainsi qu’elle a abrité différents peuples et tribus les aidant à s’accrocher à la foi chrétienne via sa théologie biblique et patristique ( la Bible et les Pères de l’Église ), sa liturgie inhérente ( ses cérémonies ) et sa spiritualité mystique.
Le théologien Ébedjésus de Nisibe (+1318) indique dans ses œuvres canoniques que l’Église d’Orient du XIVème siècle contenait 220 diocèses et archevêchés dans sa diaspora ( Sako, La Vie des Patriarches, p141). On estime ses fidèles à environ quatre-vingts millions ( je crois que ce chiffre est exagéré).
L’Église d’Orient a été marquée par trois caractéristiques essentielles :
1- S’accrocher à la foi, le martyre sous la domination perse et l’apparition de l’Islam au VIIème siècle.
2- Le monachisme sous ses différentes formes.
3- Les missionnaires et l’évangélisation.
La division de l’Église d’orient en trois églises.
L’Église d’Orient qui comptait différentes ethnies, s’est divisée en églises, une réalité qu’on ne peut pas ignorer.
Afin de ne pas déformer la réalité, il convient par principe de ne pas dire : “nous sommes une seule nation, nous avons une seule terre et une seule histoire” cependant il faut dire que nous avions une seule histoire, il s’agit de l’histoire de l’Église de l’Orient et non pas de celle de la nation car l’appartenance ecclésiale, qui est ouverte, est une chose et celle nationale en est une autre.
Cette situation s’est poursuivie jusqu’au milieu du XVIème siècle puis l’Église d’Orient s’est divisée en trois églises avec trois patriarches et trois histoires différenciées. Cette église que l’on trouve dans de nombreux pays où beaucoup de gens sont nés ; américains, canadiens et même australiens, donc la terre et le patri sont devenus différents.
Il est évident que l’Église d’Orient a été affectée profondément et s’est affaiblie par ces divisions dont les causes n’ont été pas abordées.
Quand Yohannan Soulaqa a rompu clairement avec l’Église d’Orient en 1552, et l’église Chaldéenne a été fondée du fait que l’Église d’Orient a adopté la succession dans le XIVème siècle qui s’est poursuivi jusqu’à l’an 1975 où le Patriarche Eshai Shimun a été assassiné à San Francisco en Amérique.
Le Patriarche représentait le responsable ecclésiastique et civil de son peuple.
Une autre division est survenue, en 1968 avec l’évêque Thoma Darmo où l’ancienne Église Orientale s’est fondée avec un nouveau patriarche, dont la raison invoquée était le calendrier mais personnellement je crois qu’elle était la conséquence de tiraillements claniques.
Au début de l’ère du défunt patriarche Mar Dinkha IV, en 1975, l’Église d’Orient a adopté le statut assyrien alors que la désignation de Chaldéens remonte au XVème siècle,1445, à Chypre et elle s’est renouvelée avec Sulaka en 1552.
Par conséquent on n’est ni une seule église ni une seule nation même ni une seule terre. On devrait agir de manière responsable, rester objectif et humble.
L’histoire est une expérience et des leçons
Dans une déclaration antérieure Mar Awa III a dit : “il faut redécouvrir les racines de l’Église d’Orient, retourner avant l’an 1552 et savoir quel était la théologie ecclésiastique commune au moment de la séparation”.
Les racines de l’Église d’Orient sont bien connues et de dizaines de livres en plusieurs langes abordent cette grande histoire, de même, L’Ecclésiologie est bien connue
L’histoire n’est pas un obstacle et ne constitue pas une contrainte pour l’unité car elle est une expérience et des leçons ainsi que l’Ecclésiologie, mais la mentalité c’est elle qui constitue l’obstacle.
Afin de s’unir, il faut rompre avec le passé et le chauvinisme, trouver un moyen pour réaliser la pleine communion entre les églises.
L’unité ne se fonde pas sur le passage des fidèles d’une église à l’autre plutôt elle a besoin d’une étude profonde et d’un accord explicite sur la notion de l’unité et de la communion voire préserver la dignité de ces églises.
On doit élaborer une stratégie intégrée qui débute avec la rénovation de la pensée et de l’âme, et la demande du pardon des erreurs commises.
Je crois que personne ne se bat pour être la première au pouvoir ?
On peut s’unir en traduisant notre foi et notre amour dans nos relations publiques, en revanche, on ne pourra ni dialoguer ni s’entendre honnêtement et avec des idées préconçues, sinon on aura davantage de divisions notamment que nos églises sont confrontées à d’importants défis à cause de l’immigration continue de l’Irak et de l’Orient, du fait de la
situation politique instable, de l’extrémisme religieux, de la situation économique faible et l’incapacité de l’église de faire face aux défis.
Deux tiers des Chaldéens et 90% des Assyriens ont émigré vers l’étranger à cause de l’immigration, du changement culturel, social et démographique.
L’église avance et ne s’arrête pas, ce qui est très important surtout que notre monde aujourd’hui est confronté à des changements rapides et à des difficultés considérables.
En plus, l’application d’une stratégie intégrée pour renouveler la pensée, l’âme et le travail conforme à l’invitation du Pape à la synodalité ” MARCHER ENSEMBLE” .
L’église Chaldéenne a bien reçu cette invitation et s’y est intégrée vivement.
La synodalité vise à sensibiliser les baptisés à leur responsabilité dans la vie de l’église et sa mission et à jouer leur rôle constructif dans la société. “Marcher Ensemble” cela veut dire la diversité des talents dans l’unité de l’église.
L’expérience de l’Église catholique chaldéenne
Les Chaldéens constituaient auparavant la majorité des filles et fils des fidèles de l’Église Chaldéenne.
La fortune de notre église
1- Les prêtres et les évêques diplômés de la Faculté Pontificale de théologie, plusieurs d’entre eux ont fait leurs études à Rome ou en Europe et ils sont titulaires de diplôme de docteur ou de mastère.
2- Un monastère pour les moines en Irak et un autre pour les moniales à San Diego en Californie. Deux monastères pour les moniales dont le nombre est 100 religieuses environ, en plus, on a plusieurs sœurs au monastère des Dominicaines et chez les Petites Sœurs de Jésus ainsi que des laïques consacrées.
3- Des laïques qui ont fait leurs études à la faculté de Babel de la philosophie et théologie. Des institutions de catéchisme en plusieurs villes. Des formations bibliques, théologiques et liturgiques, akhawiyat (fraternités), des diacres et des rencontres de jeunesse. Certaine maturation ecclésiale et spirituelle.
4- Renouvellement de la liturgie
Pour s’adapter à nos jours, l’église Chaldéenne a renouvelé la plupart des ses liturgies d’après le renouvellement conçu par le deuxième Concile œcuménique du Vatican, surtout avec les mouvements migratoires de plus de 80% de nos filles et garçons des campagnes vers les villes et les deux tiers à l’étranger.
La liturgie n’est pas stéréotypée et ” l’enfermement ” est une “mort lente”.
5- Les Églises Catholiques Orientales sont régies par leurs propres coutumes et nous aussi, Les Chaldéens, nous avons notre propre statut ” sui juris ” (Églises autonomes dans la communion catholique) comme pour les autres églises Catholiques Orientales.
6- La participation de l’Église Chaldéenne aux conférencثes œcuméniques et aux Instances internationales pour défendre la présence chrétienne en Irak.
En un mot : Tout ce que l’on dit n’est pas forcément vrai.